Ultra Trail Tour des Fiz

Trail du Tour des Fiz

On est fiers de partager le compte-rendu de notre happy ambassadeur Yoann qui a couru début août son premier trail et pas des moindres : le Tour des Fiz, 61km et 5 000 m de dénivelé  :

Cela faisait un petit moment que je souhaitais réduire les courses urbaines et revenir à l’essentiel : retrouver la nature et le plaisir que j’avais à gambader dans la montagne lors des sorties randonnées avec la famille et les camarades de classe verte.

Je nourrissais l’espoir de participer à l’édition 2016 du Marathon du Mont-Blanc, mais le tirage au sort en a décidé autrement. Malgré cette déconvenue, j’étais bien décidé à réaliser ma première course de trail cet été.  J’ai alors repensé au trail du Tour des Fiz où de nombreux amis s’étaient inscrits.

Mon choix s’était arrêté sur le parcours 30km et 2 300 m D+ que je trouvais être un beau baptême de feu. C’est seulement au moment de m’inscrire que j’ai découvert qu’il n’y avait plus de place… J’ai hésité quelques minutes, puis interrogé quelques têtes brulés du trail, avant de prendre la décision de m’inscrire sur le parcours le plus relevé, le tour des huit refuges : 61km et 5 000 m D+.  Ce choix a créer beaucoup de craintes au sein de mon entourage et n’a fait que décupler ma motivation à réussir ce défi.

 

Préparatifs 

 

Les 4 semaines de préparation accélérées passent à une vitesse éclair. C’est déjà le jour de la course. Réveil à 2h du matin. Je réponds à un dernier commentaire d’un ami apeuré qui me demande si je compte vraiment faire la course sans bâtons avec tout ce dénivelé. Amusé par cette question, je lui réponds « sans bâtons, sans prépa, sans expérience, mais avec une bonne dose de folie ». Je crois que cette réaction résume bien mon état d’esprit : une pointe d’insouciance et une détermination sans faille pour parvenir à la ligne d’arrivée.

 

Jour J

 

Nous prenons la voiture pour se rendre au point de départ. Parmi nous, Ben, un trailer expérimenté, finisher de la Diagonale des Fous (164km et 10 000 m D+). Commençant enfin à réaliser dans quelle galère je m’étais engagé, je pose une série de questions farfelus à Ben. Il me répondra avec beaucoup d’humour, ce qui me mettra en confiance à quelques minutes du départ. Les coureurs se rassemblent devant l’arche, on a droit un breifing très sérieux mais nécessaire vu les conditions météos qui nous attendent. Je ressens l’appréhension des coureurs et j’en profite pour encourager les copains une dernières fois.

Le départ est enfin donné à 5h du matin, il fait complètement nuit. Le spectacle lumineux des frontales en file indienne est magnifique. On démarre par une longue phase de descente. Mon corps a envie d’accélérer, mais je conserve mon énergie pour la suite du parcours. On commence une première ascension vers le refuge de Varan. Je suis captivé par le lever du soleil et la vue panoramique qui commence à se profiler.

Trail tour des fiz

La sortie du premier refuge sera l’un des moments le plus compliqué de la course, le sentier s’étant transformé en un parcours de Mud Day à cause de la pluie. De nombreux coureurs chutent et se blessent. C’est le seul moment où j’aurais aimé avoir des bâtons. Nos chaussures glissent à chaque foulée, je ne parviens pas à éviter la chute. Je finis en toboggan sur le dernier virage impraticable. Les bénévoles ne manqueront pas de se moquer de nos corps enrobés de boue.

Nous retrouvons les coureurs du parcours 30km à Charbonnière. Le peloton se ressert et forme un grand serpentin sur l’ascension du col de la Portette. À ce moment là, j’ai l’impression de prendre part à une expédition. Je m’amuse à sympathiser avec les bavards du groupe. Peu à peu le paysage se dégage et le silence finit par s’imposer. Je me retourne plusieurs fois pour admirer la vue et prendre quelques clichés.

Enfin le sommet ! Nous venons de réaliser près de 1 000 m de D+ en moins de 5 km.

Sommet Tour des Fiz

Après l’effort, le réconfort. Nous entamons plus de 1 500 m de descente. Je prends un sacré plaisir à dévaler la pente en colimaçon, en ayant l’impression d’être sur une piste de ski. Nous sommes maintenant encerclé par les massifs enneigés, pas une seule habitation à perte de vue. J’ai l’impression de vivre un rêve éveillé. Je me ressaisi rapidement vu la technicité du parcours.

Descente trail du tour des fiz

Nous arrivons à la cascade de Trainant. Je prends une nouvelle claque visuelle à la vue de la cascade de Sales qui me rappelle les fjords de Norvège. C’est à ce moment que je suis rattrapé par Fanny. On fait un bout de chemin ensemble et on s’encourage une dernière fois avant la séparation des deux parcours.  Le silence s’accentue sans les coureurs de la course de 30km à nos côtés. Mes muscles commencent à montrer des signes de faiblesses après 1 500m D- de descente.

Cascade de Sales

Il est 11h, j’arrive enfin à Salvany, la première barrière horaire avec seulement 30min d’avance. Ayant récupéré temporairement la 3G, je prends le temps de lire les messages d’encouragements sur Facebook qui me redonne des forces. Par contre, je me rends compte en consultant le livetrack que j’ai perdu beaucoup trop de temps à faire des photos. Je sais que tout va se jouer à la deuxième barrière horaire (dernier checkpoint avant l’arrivée).

Je me retrousse les manches et je décide de tout donner sur l’ascension vers le refuge de Grenairon (à nouveau 1 000 D+ en moins de 5km). Je double près de 40 coureurs sur la montée. Je reprends des forces au refuge, amusé par ces bouquetins en pleine séance de bronzage à 2 000m d’attitude. Mes jambes commencent à souffrir sur la longue descente vers la deuxième barrière horaire, mais je suis bien décidé à ne pas prendre du retard cette fois. J’arrive cette fois au checkpoint avec plus d’une heure d’avance, les efforts ont payé.

Bouquetins tour des fiz

Déjà plus de 40km parcourus, je regarde à nouveau le parcours tatoué sur mon bras : il me reste une dernière ascension à réaliser. J’assiste à un hélitreuillage lors de mon arrivée au refuge des Fonts, ça me remets les idées en place et je redouble d’attention. Tout se passe bien jusqu’au refuge d’Alfred Wills, je commence à prendre confiance et me dire que je m’approche du but à près de 15km de l’arrivée, mais je suis loin d’imaginer ce qui m’attend.

Trail-tour-des-fiz

À la sortie du refuge, la météo devient soudainement apocalyptique. Plusieurs éclairs résonnent, puis un brouillard épais s’abat sur le massif. Je m’attendais à une pluie soutenue comme celle de la matinée, mais non cette fois il s’agit d’un orage de grêle qui va durer plus de 45 min. L’ascension vers le col d’Anterne devient interminable dans ces conditions. N’ayant aucune visibilité à plus de 30 mètres, on se raccorde uniquement aux signalisations du parcours. Ma veste imperméable résiste aux grêlons et me maintient le haut du corps au chaud, mais mes jambes sont comme anesthésiées. Pour la première fois depuis le début de la course, je commence à paniquer et perdre mon sang froid (les grêlons sont tellement oppressants). Je vois que les rares coureurs autour de moi sont aussi en difficultés.

Je prends conscience qu’il ne faudra pas espérer le moindre secours jusqu’au refuge suivant. Ma plus grande crainte étant l’hypothermie et la situation ne s’arrange pas à l’arrivée au lac l’Anterne. Les ruisseaux qui convergent vers le lac se sont transformés en torrents. Nous n’avons pas d’autres choix que de marcher dans l’eau glacée pour continuer le parcours. Le paysage est tout simplement somptueux, je n’arrive pas à l’apprécier et me concentre sur mon mental pour tenir bon. La dernière montée vers le col d’Anterne paraît interminable.

Col-alterne

Je reprends espoir quand le parcours recommence à descendre. Nous voyons au loin en contrebas l’avant dernier refuge avant l’arrivée, ce qui me déclenche une émotion indescriptible de délivrance. Je commence à pleurer, mais je retiens mes larmes car il nous reste encore plus de 1 000m de D- avant la finish line.

Je suis tellement content de retrouver les bénévoles. Ils sont toujours au petit soin avec nous alors je prends le plaisir d’échanger quelques mots avec eux et de les remercier. La soupe chaude a eu un effet de potion magique. Le ciel s’éclaircie à nouveau et je suis plus motivé que jamais à venir à bout de ce défi. Les 10 derniers km du parcours sont très techniques, j’ai l’impression de faire de l’escalade inversée. Je redouble de vigilance pour ne pas me blesser sur la fin du parcours.

trail tour fiz

Nous arrivons enfin au dernier refuge. Il ne reste plus que 3km avant l’arrivée. Je sais à ce moment que je suis sur le point de réaliser ce pari fou, mais je n’arrive pas pleinement à en profiter tellement j’ai puisé dans mes réserves physiques pour tenir bon. J’alterne marche et course sur les deux derniers km pour me préserver, ayant plus de 2h d’avance sur la dernière barrière horaire. Une pluie battante et un épais brouillard s’abat à nouveau sur nous, je finis par en rigoler tellement il ne pouvait en être autrement pour conclure ce périple.

Juste avant l’arche d’arrivée j’entends mon prénom et perçois deux t-shirt avec l’inscription « Team YOYO ». Amusé par cette surprise, j’utilise mes dernières forces pour finir en sprint comme à mon habitude et avec le sourire d’autant plus que j’étais très fier de porter les couleurs du Happy Running Crew. Il n’y a bien que le speaker pour nous féliciter vu les conditions météos. Je lui dit que c’était mon premier trail. Il complète ma phrase en disant « votre premier trail des Fiz ? ». Je reprends mon souffle et lui répond « Non, le premier trail de ma vie ». Il mettra plusieurs secondes avant de réagir, et c’est à ce moment que je réalise que le pari est gagné.

Malgré les difficultés rencontrées durant la course, j’ai adoré cette première expérience trail et j’ai hâte de m’essayer à la distance ultra avec une véritable prépa cette fois. J’espère que ce compte-rendu motivera ceux qui n’ont jamais fait de trail de se lancer dans l’aventure « Into The Wild » !

 

Retrouvez notre happy runneur de choc Yoann sur sa page Facebook Yoann Rochette Photographie avec de magnifiques photographies de courses et sur son compte Instagram Yoann Rochette pour suivre ses belles aventures sportives. 

arrivee-yoann-trail

Crédits photos : Yoann Rochette.

3 Commentaires
  • Alexane
    Posté à 18:23h, 23 août Répondre

    Ce compte rendu m’a juste filer des frissons !
    Bravo Yoann, plus que bravo même ! C’est plutôt dingue.
    Et les photos sont justes epoustoufflantes ; l’expérience à l’air d’avoir été incroyable.
    J’espère avoir l’occasion de (re)courir avec toi un de ces quatre ! Et hâte de lire quel sera ton prochain défi.

  • Lambert
    Posté à 21:12h, 23 août Répondre

    Super Compte rendu !!!!! Et félicitation pour ce sacré Trail, ca me conforte dans l’envie de persévérer dans cette discipline 🙂

  • Emmanuel
    Posté à 22:51h, 24 août Répondre

    Merci Yoann pour pour ce « conte » rendu. Ça donne envie de se lancer ce genre de pari fou. Impérial Trail le 17/09, la même distance sans le dénivelé ni tes magnifiques photos. Merci

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